Rhodes, entre splendeur médiévale et paysages magiques
Temps forts
Le port de Mandraki
Rhodes est aussi particulièrement « conviviale » dans le sens où la plupart des sites historiques les plus spectaculaires de l’île sont très faciles d’accès. Bien entendu, l’une des œuvres qui a fait la célébrité de Rhodes pendant l’antiquité n’existe plus : le Colosse de Rhodes. Il s’agissait d’une statue monumentale du dieu du soleil, Hélios, qui monta la garde à l’entrée du port de Mandraki pendant 54 ans jusqu’à ce qu’un tremblement de terre le renverse en 226 avant J.-C. Avant cela, ses 33 mètres de hauteur lui avaient valu le titre de l’une des Sept merveilles du monde antique. On dit que les deux statues de cerfs (qui s’appellent d’ailleurs Elefos et Elafina) qui se dressent de chaque côté de l’entrée du port marquent les endroits où se trouvaient les deux pieds du colosse. La forteresse du 15e siècle d’Agios Nikolaos, à la fin de la jetée, est l’endroit idéal d’où admirer la reconstitution historique quotidienne du port.
Haute ville médiévale
Passez un instant du mythe à la magie, car il n’est pas meilleur mot pour décrire la cité fortifiée médiévale de Rhodes, un site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Rhodes possède évidemment une riche histoire qui couvre la période néolithique, l’ère minoenne du 16e siècle avant J.-C. puis les vagues successives de colonisation et de conquêtes menées par les Grecs mycéniens, les Doriens, Alexandre le Grand, les Romains, les Arabes, les Génois, les Croisés, les Turcs ottomans et même, à un moment donné, les Italiens. Toutefois, la ville gothique fortifiée que vous admirerez aujourd’hui est l’œuvre des chevaliers hospitaliers, également connus sous le nom d’Ordre hospitalier de Saint-Jean-de-Dieu ou plus communément, l’Ordre de Saint-Jean. Il s’agissait d’un ordre militaire catholique qui installa son siège à Rhodes de 1310 à 1522 (Rhodes tomba l’année suivante sous la domination de Soliman le Magnifique).
Après s’être emparés de la ville de Rhodes en 1309, les chevaliers entreprirent la construction d’une magnifique citadelle qui semble sortir d’un conte de fées avec ses tours, ses arches surmontées d’emblèmes gravés, ses immenses remparts crénelés, ses parapets et ses 11 portes élaborées. Le nouveau siège du Grand Maître des Chevaliers était non seulement une forteresse, mais aussi un carrefour pour les navires marchands et les pèlerins chrétiens. Le labyrinthe d’étroites ruelles du complexe vous révélera plusieurs temps forts, dont le Musée archéologique (implanté dans l’ancien édifice des hospices des Chevaliers qui date du 15e siècle), le Palais du Grand Maître restauré par les Italiens en 1939, la rue des Chevaliers, la Cathédrale latine et la Basilica Mercatorum. Plus que dans les musées, c’est peut-être une activité extérieure qui vous marquera le plus : de midi à 15 h, il est possible de marcher au sommet des remparts de la Vieille Ville. Le chemin part du Palais du Grand Maître et continue sur quatre kilomètres.
La basse-ville de Rhodes
En dehors des remparts, la basse-ville vous réserve son architecture datant de l’époque ottomane. Vous pourrez y admirer des demeures et hammams (bains publics) anciens, la tour de l’horloge, des chapelles et minarets byzantins bien conservés, la Place des martyrs juifs et sa Fontaine aux hippocampes, ainsi que la Mosquée de Soliman le Magnifique. Vous y trouverez un autre joyau bien caché, la Panagia Bourgou, un monument gothique dont la grâce reste intacte même s’il s’est en partie effondré. Ce savant mélange s’offre même une touche d’architecture italienne. Après l’avoir arrachée aux Turcs, l’Italie s’est trouvée à la tête de Rhodes au début du 20e siècle. Il est vraiment exceptionnel d’observer un héritage si fastueux dans un périmètre si restreint, qui foisonne également de cafés et de restaurants animés (essayez le Marco Polo pour son menu sophistiqué et son joli jardin) ainsi que de boutiques, afin que rien ne manque à votre visite.
La ville de Lindos
La fabuleuse Lindos est l’endroit où Saint-Paul aurait débarqué lorsqu’il arriva à Rhodes pour proclamer l’avènement du christianisme. Sur votre trajet vers le sud, entre la ville de Rhodes et Lindos, vous passerez devant le complexe balnéaire moderne de Faliraki. Lindos vous fera indéniablement voyager dans le passé avec son tourbillon de maisons blanches dotées de balcons en bois sculpté, dont certaines conservent encore des traces de décorations du 15e siècle, et des demeures de capitaines du 17e siècle, dont les entrées en blocs de tuf volcanique dissimulent des sols couverts de mosaïques. La myriade d’excellents restaurants vous offre l’embarras du choix. Optez pour un dîner raffiné chez Mavrikos ou le restaurant du Melenos Lindos Hotel.
L’acropole de Lindos
C’est toutefois l’acropole de Lindos qui vous éblouira le plus, après 15 minutes de marche sur une colline escarpée. Le sommet dévoile ses nombreux trésors antiques, flanqué de ports naturels de chaque côté. L’acropole fut fondée par les Doriens pendant l’Antiquité et abrite le sanctuaire d’Athéna Lindia du 4e siècle avant J.-C.. Son entrée monumentale, ainsi qu’un temple hellénistique et la stoa (portique) ont été partiellement reconstruits. Vous verrez également les vestiges d’un théâtre composé de 26 rangs de sièges, un autel à colonnes dédié au dieu du vin, Dionysos, la tombe ronde de Tombe de Cleobulus et une trirème de guerre taillée dans la roche, qui remonte à 180 avant J.-C. Vous serez fasciné par le chevauchement des civilisations au sommet de l’acropole de Lindos. La citadelle grecque hellénistique fut d’abord fortifiée par les Romains et les Byzantins, puis de nouveau par les Chevaliers de Saint-Jean (les ruines du château des chevaliers sont encore visibles). Les vestiges fortifiés se détachent sur le bleu scintillant de la mer Méditerranée. On croirait le panorama d’un film de pirate, en mieux, car il ne s’agit pas d’un décor mais bien de la réalité, aussi spectaculaire soit-elle !